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1933
Jean-Pierre Mocky, de son vrai nom Jean-Paul Adam Mokiejewski, est né le 6 juillet 1933 à Nice à la clinique Santa Maria, 12, boulevard Tsarévitch.Son père avait inventé une perceuse de tranchées pendant la guerre qui portait le nom de son concepteur : Mokiejewski, pour abréger elle fut appelée la Moky.
Son grand-père avait quitté la Tchétchénie pour s'installer à Varsovie. Son père, naturalisé polonais, est entré dans l'armée. Sa mère, Janine Zylinska, était elle d'une famille catholique polonaise.
Il changera plus tard son nom en y retenant que les deux premières syllabes et en y ajoutant un C (pour avoir un nom en 5 lettres et que cela lui porte chance). Le changement de prénom de Jean-Paul Adam à Jean-Paul est dû à Jean-Paul Belmondo pour éviter de lui faire concurrence.

Fin 1942
Sa date de naissance fut modifiée à 1929 sur les registres de l'état civil, fin 1942, par un parrain de Mocky, adjoint au maire de Nice, pour le sauver de la déportation, étant fils d'un juif polonais. En effet, son âge devait être avancé de 4 ans pour lui permettre de prendre un bateau pour l'Algérie, bâteau qu 'il ne prit d'ailleurs pas.

A la libération, il monte à Paris. L'été, il devient petit mac sur la côte d'Azur où engagé comme plagiste sur la plage du Carlton, il s' arrange pour mettre en contact quelques filles avec des vieux messieurs.

En 1942, il fait de la figuration dans "Les visiteurs du soir" de Marcel Carné auprès de Simone Signoret et Mouloudji.

Il est, en 1945, le plus jeune bachelier de France.
Il suit les cours du conservatoire (dans la classe d'Henri Rollan et de Louis Jouvet). A dix-huit ans, il monte déjà, au théâtre, aussi bien des pièces de Feydeau que de Cocteau.

Après des études de droit et divers petits rôles, Jean-Pierre Mocky se fait remarquer par Pierre Fresnay qui l’engage pour tenir le rôle d'Hippolyte dans un Phèdre modernisé. Puis, il se retrouve au Conservatoire à suivre les cours de Louis Jouvet avec Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle et Jean-Paul Belmondo. Il débute au cinéma en interprétant le poète d'Orphee de Jean Cocteau (1949).

Puis, il part en Italie où il devient l'assistant de Fellini (pour La strada) et de Visconti (pour Senso) et joue des petits rôles dans quelques films italiens.

En 1958, Jean-Pierre Mocky écrit le scénario de LA TÈTE CONTRE LES MURS, d'après un roman d'Hervé Bazin et s'apprête à le porter lui-même à l'écran. Au dernier moment, les producteurs effrayés par sa jeunesse, l'obligent à confier la mise en scène à un cinéaste plus âgé, Georges Franju. Il devra se contenter de tenir le rôle principal, aux côtés de Charles Aznavour. L'année suivante, prenant sa revanche, il écrit et met en scène LES DRAGUEURS. Cruel et mélancolique, le film est un succès. Le mot " dragueur " passe dans la langue.

Après LES DRAGUEURS, Mocky décide d'être son propre producteur, en fondant une société , Balzac Films, du nom de la rue où il possédait deux petits studios. A l'époque, il vit avec Véronique Nordey, qui tenait un petit rôle dans LA TÈTE CONTRE LES MURS, il l'associe à ses projets et à la préparation de ses tournages. Ils resteront ensemble seize ans, ils auront un fils Stanilas Nordey (qui deviendra plus tard metteur en scène de théâtre puis directeur du théâtre Gérard-Philipe, à Saint-Denis de 1998 à 2001).

Encouragé par le succès des DRAGUEURS, Mocky tourne aussitôt UN COUPLE, chronique acide de l'usure que le temps et la vie commune infligent à l'amour.

SNOBS est une irrésistible satire de la duplicité et de la vanité humaines. LES VIERGES, un film à sketches sur les dernières " vraies jeunes filles". Avec la complicité efficace de Bourvil, c'est au tour d'UN DROLE DE PAROISSIEN et de LA CITÉ DE L'INDICIBLE PEUR, d'après Jean Ray. Sur des dialogues de Marcel Aymé, LA BOURSE ET LA VIE, réunit Fernandel et Heinz Ruhmann. Mocky retrouve Bourvil pour LA GRANDE LESSIVE (!) farce impertinente aux dépens de la télévision, et pour L'ÉTALON, où il incarne un vétérinaire philanthrope voué au bonheur des femmes esseulées... CHUT !, s'inspirait d'un scandale financier récent.

Pour Mocky, le solitaire, impitoyable moraliste de notre temps et de nos mœurs, la sexualité et l'argent gouvernent le monde. Par la dérision systématique et avec un sens aigu du grotesque, il poursuit, de film en film, son œuvre de démystification.

Après L'IBIS ROUGE, une comédie criminelle d'après Fredric Brown, dernier film interprété par Michel Simon, voici le grinçant ROI DES BRICOLEURS, avec Sim; puis LE TÉMOIN, du faux témoignage à la peine de mort, avec Alberto Sordi et Philippe Noiret. Mais c'est avec SOLO, film amer et révolté, que s'ouvre une nouvelle période dans l'œuvre de Mocky : celle d'un cinéma d'action, prétexte à une radiographie sarcastique de la société contemporaine. L'ALBATROS, UN LINCEUL NA PAS DE POCHES ou LE PIÈGE A CONS, suivent cette même voie : son héros est à la recherche de valeurs absolues qui n'ont plus cours. L'incompréhension, l'hypocrisie, l'intolérance, la haine, seront sa récompense.

" En fait, je crois que je suis l'un des derniers, sinon le dernier pamphlétaire du cinéma français. Ca n'est plus possible d'être et de rester un cinéaste en colère, que si on se distingue du confort où s'engluent la plupart des cinéastes d'aujourd'hui. L'art doit s'élaborer dans la difficulté. Croyez-vous que c'est un discours qui puisse être entendu des jeunes cinéastes de demain ? ".

1994 Rachète le cinéma parisien Le Brady qui sera souvent l'unique salle à projeter ses films.

2001 Publie ses mémoires: M le Mocky

2004 Commence l'édition de son intégrale en DVD

2007 Réunissant Tom Novembre, Thierry Frémont, Bruno Solo et Nancy Tate, Mocky adapte l'auteur de best-seller américain Gil Brewer, et réalise un film d'amour très noir "13 FRENCH STREET".

2008 Il crée sa propre série télévisée pour la chaîne 13ème rue, MYSTER MOCKY PRESENTE.

2009 Jean Pierre Mocky a reçu le « Prix humour de résistance », décerné par La Maison du rire et de l'humour de Cluny pour l'ensemble de son œuvre.

2010 Il tourne LES INSOMNIAQUES, coproduit par des internautes par l'intermédiaire du site Touscoprodcom

Le 1er février 2010, il a reçu à Vincennes un Prix Henri-Langlois pour l'ensemble de sa filmographie et pour avoir réalisé en cinquante ans de carrière un parcours couvrant tous les aspects du septième art, à la fois en tant qu'acteur, réalisateur, scénariste, écrivain, exploitant, producteur et enfin distributeur.


CV paru dans VSD

Dans le système de promotion et d'exploitation actuel, les dix ou vingt copies qu'il peut espérer n'ont aucune chance de rivaliser face à des sorties massives de 400 copies. Leur avenir sera en DVD. Et il s'en fiche. Après plus de 50 réalisations, Jean-Pierre Mocky continue de tourner, dans le chaos et la précarité, un film par an minimum.

NAISSANCE. « Je suis sans âge », dit Jean-Paul Adam Mokiejewski, né le 6 juillet 1933, à Nice (06). Son père a quitté l’Ukraine après la révolution de 1919 et devient taxi pour de riches touristes russes sur la Côte d’Azur. En 1940, par peur des persécutions contre les juifs, il veut faire partir son fils pour l’Algérie chez un ami d’Europe de l’Est, installé près d’Oran. Le petit est précoce (à 7 ans, il mesure 1,55 mètre), mais trop jeune pour prendre le bateau seul. Son père demande à un employé de la mairie, qu’il connaît bien, de le vieillir. Le 1933 devient 1929. Aujourd’hui, Jean-Pierre tente de faire rectifier son état civil.

PREMIER SOUVENIR. Il a 2 ans et demi quand son père l’installe au volant de sa Citroën C3 Trèfle.

REPTILE. À 6 ans, à la Tour Rouge, la seule plage de sable niçoise, il cherche des coquillages à genoux, à l’entrée d’une grotte. Il est mordu par un serpent, que son père attrape et apporte, dans un bocal, au Musée océanographique de Monaco. Il s’agit d’un serpent de Java, une ­espèce aquatique venimeuse.

TILT. À 7 ans, il accompagne ses parents au ­cinéma voir Une nuit à l’opéra. « J’ai été frappé par l’humour du personnage de Groucho Marx quand celui-ci déclare à une femme : “Je suis avec toi parce que tu as du pognon.” » À cette époque, ses parents bougent sans cesse, il n’est pas réellement scolarisé. Sa mère lui ­apprend à écrire, à compter.

MARIAGES. Il se marie à 13 ans (officiellement 17 ans) à Monique Baudin. Le père de celle-ci, un miroitier, connaît le vrai âge de Jean-Pierre mais il tient au mariage car sa fille est enceinte. Sur la photo de la cérémonie, il porte la culotte courte, elle est ronde. L’union dure trois mois. Il se mariera quatre fois.

PREMIER JOB. À 14 ans, il devient chauffeur de taxi pour la G7, à Paris. Parallèlement, il s’inscrit au conservatoire, avec Jean-Paul Belmondo. Pour ne pas porter le même prénom, il devient Jean-Pierre. Il est viré par Paul Abraham car il joue, à la Huchette, Gloriana sera vengée, avec Bebel. « Un genre d’Hamlet sur une scène de 3 mètres sur 4 », selon lui. À Neuilly, il charge Pierre Fresnay, qui lui lance : « Tu as une tête, tu vas jouer avec moi ! » Il le convoque au théâtre de la Michodière. « Il buvait beaucoup de vin rouge car Yvonne Printemps le menait par le bout du nez. Il l’avait piquée à Sacha Guitry, qui lui en était reconnaissant ! » Jean-Pierre Mocky joue dans Pauline ou l’écume de la mer puis est engagé par Julien Gracq pour le rôle principal de Perceval le Gallois dans Le Roi pêcheur. Le jeune premier se fait descendre par la presse. « À l’époque, Leonor Fini est tombée amoureuse de moi, elle voulait m’emmener en Corse auprès de ses chats. »

ORPHEE. Jean Cocteau lui demande d’être le poète dans Orphée (1949). Quand la mort emmène Orphée en Rolls, il dit : « On a écrasé ce type… Une place où ne passe jamais personne. » Il ne sera pas crédité.

ITALIE. En 1954, il est stagiaire sur le tournage de Senso, de Luchino Visconti. Sur le plateau, tous les hommes sont amoureux d’Alida Valli, la somptueuse comtesse Livia Serpieri dans le film. Lors de la soirée de fin de tournage, elle arrive au bras de son mari, un très petit homme avec une drôle de tête. Sur La Strada, Fellini, qui cuisine des pâtes pour la troupe, interrompt le tournage : Giulietta Masina a un faible pour Richard Basehart, qui joue le violoniste fou.

AMOUR. Mocky a pour principe de ne pas coucher avec les actrices qu’il fait tourner. En 1985, Patricia Barzyk (Miss France 1980), qui venait de jouer pour Manoel de Oliveira dans Le Soulier de satin, accepte un rôle de chanteuse d’opéra qui se promène nue à Nice pour La Machine à découdre. Le film terminé, elle lui intente un procès car, pour la promotion, elle estime que trop de photos d’elle dévêtue sont publiées dans la presse. Treize ans plus tard, à Montbéliard (25), il passe une annonce pour une figurante de 10 ans pour Tout est calme. Une petite fille aux yeux bleus se présente : « Je m’appelle Barzyk. » « Où est ta maman ? » « Là-bas. » Patricia Barzyk, mère célibataire, est aussi engagée pour un rôle de secrétaire dans le film. Quelques semaines après la fin du tournage, elle arrive chez lui à Paris, à Noël, une bouteille de champagne à la main. Ils ne se sont plus quittés.

CLIN D'ŒIL. Dans Les Compagnons de la ­Marguerite, en 1966, Claude Rich n’arrive pas à divorcer et il élimine sa femme en trafiquant les actes d’état civil.

LÉGENDE. « Mes dix-sept enfants, c’est comme la rumeur de mes cent pizzerias. J’ai cinq enfants ­déclarés et, c’est vrai, quelques autres, fruits de la libération des femmes qui ne voulaient pas de mari. Je suis père de jumeaux, en Sicile. Je présentais Solo, avec Peter O’Toole, en 1970. Une belle brune me demande un autographe dans le creux de sa main. Le lendemain, nous faisions l’amour sur la plage. Quatre ans après, je reçois une carte postale, avec une photo des garçons : “Tes enfants.” Je prends le train avec la trouille de me faire assassiner par le père. Elle est couturière et m’explique qu’elle ne m’a pas averti car les enfants sont à elle. Je les vois de temps en temps. Ils m’envoient de l’huile d’olive, des jambons. J’ai eu le même genre d’aventure avec une Australienne, avec une Guinéenne. »

AVION. Après un premier accident en 1949, dans le Moyen Atlas, un autre avec Henri Vidal et Daniel Gélin (l’appareil atterrit en catastrophe, moteur en feu, près du détroit de Gibraltar) et après le crash d’un Boeing à Fiumicino dans lequel disparaît Georgette, sa fiancée ­hôtesse de l’air, il a une peur panique de l’avion.

ASSOCIATION DE MAÎTRE. « Avec Orson Welles, Jean-Pierre Melville, Luis Buñuel et Jacques Tati, on s’est retrouvés à La Coupole pour créer un syndicat d’auteurs à risque. Orson dit : “Bon, on vote ! Qui veut être président ?” Mais personne ne voulait être président, secrétaire ou trésorier. Finalement, ils m’ont désigné, mais moi-même je ne voulais pas. On a laissé tomber ! »

Laurence Durieu
10/06/2008 17:30